Close Menu
Invest Intellect
    Facebook X (Twitter) Instagram
    Invest Intellect
    Facebook X (Twitter) Instagram Pinterest
    • Home
    • Commodities
    • Cryptocurrency
    • Fintech
    • Investments
    • Precious Metal
    • Property
    • Stock Market
    Invest Intellect
    Home»Commodities»« Dès le XIXe siècle, l’agriculture est mondialisée » : l’analyse de l’historienne Corinne Marache
    Commodities

    « Dès le XIXe siècle, l’agriculture est mondialisée » : l’analyse de l’historienne Corinne Marache

    June 14, 20256 Mins Read


    Professeure d’histoire contemporaine à l’Université Bordeaux Montaigne, Corinne Marache y codirige le Centre d’études des mondes moderne et contemporain. Spécialiste de l’histoire du monde rural, elle cosigne le premier tome d’un ouvrage collectif, « La nature en révolution -Une histoire environnementale de la France » (Éditions La Découverte). Il couvre un siècle de changements, entre 1780 et 1870. Contrairement aux idées reçues, l’agriculture n’est pas oubliée par la modernité à cette époque. Entretien.

    Corinne Marache.


    Corinne Marache.

    C. M.

    En référence aux débats d’actualité sur la souveraineté alimentaire, le souci d’accroître les rendements agricoles est-il présent dès le XIXe siècle ?

    Dès la Révolution, l’environnement et l’agriculture sont au cœur des débats. Après les guerres napoléoniennes, on mène de vastes enquêtes pour connaître l’état économique réel du pays. C’est vrai pour le monde agricole. Les pouvoirs publics encouragent fortement l’élevage. Il doit satisfaire les besoins en viande des populations urbaines qui ne cessent de gonfler. Paris passe de 500 000 à deux millions d’habitants entre le début et la fin du siècle. Les gouvernements encouragent également le développement de cultures commerciales telles que la vigne, la sylviculture et le tabac. Les notables locaux sont les relais de cette politique du progrès contre l’archaïsme, des termes que l’on retrouve dans les sources de l’époque.

    Y a-t-il encore la peur des disettes ou des famines ?

    Il n’y a plus de famine en France au XIXe siècle. Il y a encore quelques épisodes de disette dans la première moitié du siècle, en 1846 et 1847 notamment. Ce n’est pas cette peur qui incite à accroître les rendements, c’est plutôt l’impératif d’approvisionner une population plus nombreuse dont une part croissante, dans les villes, est déconnectée de la terre et n’a plus ni volaille ni potager à sa disposition. Au début du XIXe, 85 % des Français vivent dans les campagnes et même les non-agriculteurs ont un lopin de terre ou un jardin à cultiver. C’est de moins en moins vrai au fil du temps.

    « La crainte des pollutions apparaît dans les années 1860, à cause de la production de déchets ultimes par l’industrie, mêlés aux boues urbaines »

    Quelle place est attribuée aux engrais et à la chimie dans l’essor agricole du XIXe ?

    On note une augmentation très importante de l’usage des boues urbaines, les déchets produits par les villes qui vont fertiliser les campagnes alentour. On pense aux ceintures maraîchères mais le transfert va parfois bien au-delà grâce au transport ferroviaire. Les boues urbaines de Bordeaux sont acheminées jusque dans les Landes, par exemple. La crainte des pollutions apparaît dans les années 1860, à cause de la production de déchets ultimes par l’industrie, mêlés à ces boues. Dans le même temps, on découvre de nouveaux engrais plus riches qui vont servir de substituts.

    Lesquels ?

    Le premier, c’est le guano, un engrais naturel qui résulte de l’accumulation des fientes d’oiseaux sur les côtes du Pérou et du Chili. C’est bien le signe que, dès le XIXe siècle, l’agriculture est mondialisée. Des petits paysans de Charente-Maritime, de Gironde ou du Périgord utilisent ainsi du guano qui arrive de l’autre côté de la planète. Il rencontre un succès incroyable dans les années 1840-1860. Il est importé par millions de tonnes. Les gisements s’épuisent en trente ans, ce qui illustre déjà des déséquilibres majeurs d’un continent à l’autre, avec des continents prédateurs de ressources lointaines. Le guano crée des habitudes de consommation et, quand il s’épuise, on se met à importer du nitrate de soude, toujours depuis le Pérou et le Chili. À partir de 1860-1870, on fait aussi venir du phosphate de Floride et du Maghreb. Plus localement, on exploite les potasses d’Alsace. Ceci marque la bascule des engrais constitués de déjections animales vers des engrais extraits du sol et transformés – c’est le début des superphosphates, des os calcinés mélangés à de l’acide.

    Est-ce qu’on se soucie de l’épuisement des sols ?

    Oui, dès la fin du XVIIIe siècle, le spectre de l’épuisement des sols revient souvent dans le débat public, pour la métropole comme pour les espaces coloniaux. La science du sol se développe au XIXe siècle pour le conjurer, je pense notamment à des chercheurs comme le chimiste allemand Justus von Liebig. Ces travaux vont notamment aboutir à la mise au point des engrais NPK (phosphore, azote, potassium).

    Que pense-t-on à l’époque des animaux considérés comme « nuisibles » ?

    Au XVIIIe et au XIXe, on se met à catégoriser les espèces et donc les nuisibles : les insectes et les champignons qui mettent les cultures en danger, les oiseaux granivores, les rapaces qui prélèvent des lapins et des volailles, les loups, les renards… La lutte devient chimique. On utilise de l’eau de chaux et de la poudre de pyrèthre mais aussi des produits à base d’arsenic à partir de la moitié du XIXe siècle. Les épiciers et les quincailliers des villages et des petites villes jouent un rôle important de diffusion et de conseil. À ce moment-là, on n’a aucune conscience des problèmes que de tels usages entraînent. Ils seront bien plus considérables à partir de la seconde moitié du XXe siècle, qui reste bien synonyme d’accélération sans précédent des pollutions et des perturbations du sol.

    L’École nationale des eaux et forêts est créée en 1824, ce qui atteste la volonté d’introduire un savoir gestionnaire et technique »

    La surface forestière atteint un point bas au milieu du XIXe siècle. Est-ce un sujet qui inquiète ?

    C’est l’un des débats prégnants de l’époque révolutionnaire. Les politiques de reboisement démarrent dans les années 1820. L’École nationale des eaux et forêts est créée en 1824, ce qui atteste la volonté d’introduire un savoir gestionnaire et technique. Le couvert forestier restant en net recul, on observe de graves inondations dans les années 1850, notamment autour du mont Aigoual (sud du Massif central, NDLR) et en aval. Elles mettent en péril les vallées et leurs industries. Une première loi de reboisement intervient en 1860 et vise les pentes des montagnes. Plus localement, dans le Sud-Ouest, intervient la loi de 1857 sur l’assainissement et la mise en culture des Landes de Gascogne. Elle conduit à la plantation de la forêt landaise que nous connaissons aujourd’hui. Jusqu’à nos jours, le couvert forestier progresse mais on ne parle plus de la même forêt. Elle est cultivée et elle est souvent mono essence, ce qui pose d’autres problèmes en termes de biodiversité.



    Source link

    Share. Facebook Twitter Pinterest LinkedIn Tumblr Email

    Related Posts

    The fallout from Israel’s strikes on Iranian energy sites – Financial Times

    Commodities

    Metal Gear Solid Delta fait une annonce qui fait déjà le bonheur des joueurs

    Commodities

    Octopus Energy appuie MOPO pour accélérer l’accès au solaire décentralisé en Afrique

    Commodities

    Tabuk Agricultural Development signe un accord avec la National Electricity Transmission Co

    Commodities

    l’État enterre un projet de nouveaux forages en Gironde, près d’Arcachon

    Commodities

    China, Central Asia make continuous efforts to deepen agricultural cooperation

    Commodities
    Leave A Reply Cancel Reply

    Top Picks
    Fintech

    NORTH AFRICA | Egyptian Fintech, Qardy, Announces 7-Figure USD Investment to Support Expansion into MENA – BitKE

    Precious Metal

    Gold jumps Rs 400 to breach Rs 85,000-mark – ThePrint – PTIFeed

    Commodities

    Will There Be a ‘Brütal Legend 2’? We Hope So

    Editors Picks

    Where in Europe will property investment pay off most in 2025?

    April 25, 2025

    Team for the Planet veut transformer des start-up du climat en entreprises pérennes

    April 23, 2025

    Usine Les Bronzes d’Industrie : Explosion et incendie font 4 blessés

    April 17, 2025

    High rates and tariff uncertainty drag on US housing market

    May 4, 2025
    What's Hot

    Daily Hampshire Gazette – New Leaf Energy nixes controversial battery storage project in Wendell

    August 6, 2024

    Goldstorm Metals Completes Surface Sampling Expanding Numerous Precious and Base Metal Zones at Electrum and Crown Properties Within the Heart of the Golden Triangle of Northwest British Columbia

    October 17, 2024

    Wood County Sheriff’s Office Calls for Cryptocurrency ATM Laws | WSAU News/Talk 550 AM · 99.9 FM

    May 5, 2025
    Our Picks

    N.D. Bill to Regulate Cryptocurrency Kiosks Clears House

    February 19, 2025

    Au Zimbabwe, les industriels demandent la suspension d’une taxe de 5% sur le lithium

    May 21, 2025

    Convoy of hay and agricultural supplies rolls into the High Country from Ohio

    October 15, 2024
    Weekly Top

    Octopus Energy appuie MOPO pour accélérer l’accès au solaire décentralisé en Afrique

    June 15, 2025

    Haïti – Gold Cup 2025 : Conférence de presse avant match et réactions du coach sur le tirage au sort du Mondial 2026 (vidéos)

    June 15, 2025

    Tabuk Agricultural Development signe un accord avec la National Electricity Transmission Co

    June 15, 2025
    Editor's Pick

    Un nouvel opérateur pour les vélos et trottinettes électriques en libre-service dans ces villes des Yvelines

    April 28, 2025

    Legal framework for digital currencies must be submitted in March: Vietnam PM

    March 3, 2025

    12 Incredibly Cheap Dividend Stocks to Buy Now

    March 14, 2025
    © 2025 Invest Intellect
    • Contact us
    • Privacy Policy
    • Terms and Conditions

    Type above and press Enter to search. Press Esc to cancel.