Beausite Métal a reçu en novembre dernier un avis de non-conformité du ministère de l’Environnement, qui affirme «n’écarter aucun recours pour assurer un retour à la conformité».
L’entreprise que les gens connaissent aussi sous le nom de Recyclage BSM fait notamment le recyclage de métaux et la location de conteneurs.
Beausite Métal n’en est pas à ses premiers démêlés avec le ministère de l’Environnement.
À la suite de deux signalements, le ministère a voulu vérifier la présence de contamination en provenance du terrain de Beausite Métal à Wotton, où se déroulent des opérations de tri et de traitement de matières résiduelles.
Les deux échantillons d’eau de surface ont permis de déterminer que la concentration totale de BPC rejetée dans l’environnement était de 37 000 picogrammes par litre (pg/L) et de 21 000 pg/L.
Ces concentrations sont supérieures au critère de protection des eaux de surface établi à 120 pg/L.
Les BPC sont des produits chimiques synthétiques et sont interdits de fabrication et d’importation au Québec depuis 1977, et leur vente est également interdite en vertu de la réglementation fédérale.
Joint par La Tribune, le président de l’entreprise Michel Proulx a d’abord indiqué que l’avis était non fondé puisque l’entreprise a fait des analyses.
Sans vouloir remettre en question le travail du ministère, il s’est également interrogé sur «une mauvaise manutention» des échantillonnages et un possible impact sur les résultats.
«Je vais tenir ça bien serré, a mentionné M. Proulx. Il n’y a rien avec des BPC qui passe sur le site. Ce sont des matériaux secs», fait-il valoir, en ajoutant que les «concentrations sont sur la ligne».
«On a fait des tests, et on s’est engagé à suivre ça mensuellement. On vient d’en faire et il n’y en avait pas», ajoute-t-il. Les échantillons sont faits par une firme accréditée, selon lui.
Il ajoute que des dalles de 650 000 pieds carrés ont été installées afin d’éviter toute contamination.
«C’est pour ça que je me l’explique bien mal. On a mis quatre millions de dollars juste en dalles de béton pour éviter les problèmes de contamination.»
Interdits, mais toujours présents
Les BPC, les «biphényles polychlorés», font partie des polluants organiques persistants.
«C’est une matière qui n’a pas les mécanismes normaux de dégradation», image Marc Olivier, chimiste spécialisé en environnement et en gestion des matières dangereuses et chargé de cours à l’Université de Sherbrooke.
«Si vous les laissez à l’air libre, ça risque de contaminer les sédiments.»
Bien qu’ils soient interdits depuis longtemps, on en retrouve encore dans des transformateurs, où ils servaient principalement de liquides isolants.
On peut aussi les retrouver dans des ballasts de tubes fluorescents.
La réglementation actuelle permet aux propriétaires d’équipements contenant des BPC de continuer à les utiliser si ceux-ci étaient déjà en usage.
Cependant, un règlement fédéral prévoit que l’utilisation des BPC dans des équipements électriques (comme des transformateurs électriques sur poteaux et des disjoncteurs) sera interdite à compter du 31 décembre 2025.
Invité à donner plus de détails sur cette matière sans commenter ce dossier précis, M. Olivier note qu’il existe dans la province une «pollution historique» liée aux BPC, notamment parce que des sites ont pu être contaminés aux huiles de BPC, et ce, même si la province s’est assurée d’appliquer la réglementation.
Au fil des ans, certains équipements ont pu être mis dans des sites d’enfouissement, illustre-t-il.
D’autres avis
Par ailleurs, depuis 2017, sept avis de non-conformité (ANC) ont été transmis à Beausite Métal dans le cadre de ses activités se déroulant au site de Wotton, sis sur la route 255.
Il s’agit de manquements divers au Règlement sur les matières dangereuses (RMD) de même qu’à la Loi sur la qualité de l’environnement (LQE).
Depuis six ans, l’entreprise a aussi reçu neuf avis de non-conformité en lien avec un site qu’elle exploite à Val-des-Sources.
Du nombre, le dernier avis de non-conformité a été transmis en janvier «pour le constat de 14 manquements distincts au RMD et à la LQE».
Finalement, en mai dernier, une amende de 5000 $ a aussi été imposée à l’entreprise «pour ne pas avoir pris les mesures nécessaires pour que les matières résiduelles soient stockées, traitées ou éliminées dans un lieu autorisé.» L’entreprise a déposé une demande de réexamen en juin. Le processus suit son cours.
De son côté, Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) s’est dit au courant de la situation. «Comme un dossier d’application de la loi est ouvert, ECCC ne fournira pas plus de détails pour l’instant», nous a-t-on mentionné.