Le métal le plus précieux du monde ? Oubliez l’or et l’argent : à près de 150 000 € le kilo, il s’agit du rhodium. Présent dans les pots catalytiques, on le retrouve également dans la liste des « matières premières critiques stratégiques » identifiées par l’Union européenne, avec les autres métaux de la famille du platine.
Une matière première est considérée comme stratégique lorsqu’elle est « indispensable à la politique économique d’un État, à sa défense, à sa politique énergétique ou à celle d’un acteur industriel spécifique », résume le Portail français des ressources minérales non énergétiques, coédité par le ministère de la Transition écologique et le BRGM. La criticité, elle, s’apprécie au regard des risques pesant sur l’approvisionnement et de l’impact industriel d’une éventuelle pénurie. Le rhodium appartient aux deux catégories : critique et stratégique. L’Union européenne a ainsi recensé 34 matières premières critiques, dont 16 considérées comme stratégiques. Les États-Unis ont procédé au même exercice, pour aboutir à une liste de 50 matières premières critiques.
De quoi parle-t-on ? Parfois de métaux aussi communs que le cuivre, susceptible de connaître des tensions alors que la demande de certaines matières premières explose avec la transition énergétique. Pas de batteries électriques sans cobalt, nickel, graphite et surtout sans lithium. Pas de cellules photovoltaïques, ni de composants électroniques, sans silicium. Une éolienne peut contenir jusqu’à 300 kg de néodyme – une terre rare. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a calculé les quantités de matières premières nécessaires pour atteindre la neutralité carbone en 2050, objectif des Accords de Paris. Dans ce scénario, la demande de cuivre augmenterait de 50 % d’ici 2040. Celles de cobalt, de nickel et de terres rares doublerait. Les besoins en graphite quadrupleraient, ceux en lithium seraient multipliés par huit.
Des missiles aux billets de banque
On retrouve également nombre de matériaux critiques dans l’aéronautique et l’industrie de la défense, en particulier le titane et le tungstène. Et les fameuses terres rares ? Le terme désigne un groupe spécifique de 17 métaux aux propriétés assez similaires : scandium, yttrium et toute la famille des lanthanides. Un des plus connus est le néodyme, utilisé pour la fabrication des aimants permanents. En réalité, ces éléments n’ont de rare que le nom. Certains sont même abondants, comme le cérium.
Mais les terres rares sont comme saupoudrées à travers le globe : en l’absence de gisement, il faut les extraire à partir de certains minerais ou résidus industriels. Un processus complexe et coûteux dans lequel un seul pays s’est lancé à grande échelle : la Chine. Avec un tiers des réserves, l’Empire du Milieu assure entre 60 et 70 % de la production mondiale. Ces terres rares sont omniprésentes dans les secteurs de pointe. On les retrouve dans les smartphones, les écrans, les appareils d’imagerie médicale, les panneaux solaires des satellites, les lasers ou les semi-conducteurs. Sans le savoir, vous en avez probablement même dans votre portefeuille : les marquages des billets en euros, qui apparaissent à l’ultraviolet, utilisent des pigments à base d’europium et de terbium.