Plutôt connu pour ses œuvres monumentales dans l’espace public, l’artiste originaire de Sérignan se donne à voir par le prisme de l’intime avec une série de petits formats exposés jusqu’au 7 juin au 26 Riquet, à Béziers.
C’est une figure artistique bien connue des Biterrois qui s’expose actuellement au 26 Riquet, sur les Allées, à Béziers. Lionel Laussedat, célèbre pour ses sculptures en acier, qu’il essaime un peu partout et depuis des années sur le territoire, y présente En Conséquence. Une proposition de la galerie dupré & dupré, sous le commissariat de Denis Granier-Saëz, avec la participation de Laurence et Olivier Marty du groupe d’architectes Mhodul.
On lui doit, entre autres, le fameux Toro stylisé qui orne le rond-point proche du stade Raoul-Barrière, à Béziers. La baleine Gaïa, qui trône sur le front de mer à Valras-Plage ou encore la rutilante ancre Ancora, à demi enfoncée dans la chaussée. Avec En Conséquence, l’artiste sérignanais se présente sous un nouveau jour. Il quitte l’espace public et sa monumentalité intrinsèque pour investir les intérieurs un peu plus feutrés de cet hôtel particulier du XIXe siècle. Ici, Lionel Laussedat se laisse découvrir à une autre échelle : celle de l’intime, à l’image de ces deux rangées de petites sculptures se faisant face, qui contrastent avec cet espace majestueux orné de grandes toiles marouflées.
Quand l’explosion fait œuvre
Sur la gauche, une série qu’il a intitulée Mémento Mori attire le regard du visiteur. En inox, ces pièces issues de l’explosion tragique de l’usine AZF à Toulouse, en 2001, illustrent les liens qu’entretient l’artiste avec le monde industriel. “L’usine AZF s’est petit à petit fait grignoter par l’urbanisme au point de se retrouver au milieu de la ville. Cela questionne notre rapport à l’industrialisation en même temps que ça nous interroge sur les ambiguïtés du progrès”, commente celui qui fut également dessinateur industriel.
Les formes et les subtiles courbures de l’acier, évoquant le drapé d’un tissu, tranchent avec la violence de l’explosion qui les a engendrées. Ce décalage entre l’apparente froideur du matériau, la beauté aléatoire de ses pliures et les conditions chaotiques de leurs origines figurent par certains aspects le geste de l’arte povera (un courant artistique italien né au milieu du XXe siècle revendiquant un dépouillement volontaire, NDLR).
“Friction et négociation”
Une filiation dans laquelle l’artiste refuse pourtant de s’inscrire : “Ces œuvres sont les seules issues de matériaux de récupération, habituellement je ne travaille que sur de grandes tôles sorties d’usine”. À l’image des trois grandes pièces qui trônent au milieu de l’espace, dont une superbe colonne et son chapiteau, clin d’œil antique et métallique au néoclassicisme des lieux.
De l’autre côté de la pièce se déploie la série En conséquence, qui donne son nom à l’exposition. Des sculptures de petites tailles, en acier Corten, matériau de prédilection de Lionel Laussedat, composées de deux parties semblant s’emboîter l’une dans l’autre. Semblent, seulement, car les interstices laissés entre la matière évoquent plus une “négociation”, pour reprendre les termes de l’artiste. Une manière pour ce dernier de suggérer avec nuance les frictions et les aspérités qui constituent notre rapport à l’altérité.