Grandcopais d’origine, Franck Elisabeth habite rue de la Vallée d’Aure à Isigny-sur-Mer, près de Bayeux (Calvados), où il a installé son atelier de sculpture sur métal. Sur le secteur, l’homme a une petite renommée pour avoir travaillé pendant trente ans en tant que couvreur traditionnel. Aujourd’hui à la retraite, Franck Elisabeth se consacre à ses créations insolites.
« Je suis né dedans, mon père était couvreur et tout gamin je le suivais déjà. J’ai fait un CAP couvreur, j’ai été employé puis je me suis mis à mon compte. Au total, j’ai exercé ce métier pendant 30 ans. Moi, ce qui m’intéressait, c’était de faire de la couverture traditionnelle, de restaurer le patrimoine. J’ai refilé cette passion à mon fils. Cela fait trois générations de couvreur dans la famille », sourit Franck.
De couvreur à artiste
Roi du métal, de par son métier de couvreur, il se lance dans la fabrication de girouettes il y a une dizaine d’années. « L’hiver, il y a moins de travail et je suis au chaud. Je me suis mis à réaliser des girouettes, ça donne une touche personnelle aux maisons. » Il y a deux ans, il prend une retraite bien méritée mais c’est plus fort que lui, il ne peut s’empêcher de travailler le métal et de créer, c’est sa passion. Il y a un an, il décide de créer sa micro-entreprise, « girouette et création » et se met à fabriquer non seulement des girouettes, mais aussi des ornements intérieurs et extérieurs et des objets de décoration dans son petit atelier. « Nous ne sommes plus que deux ou trois en Normandie à faire des girouettes de façon artisanale. »
Egalement ferblantier (fabricant d’objet en fer-blanc) et dinandier (le travail du métal et de la sculpture), il transforme les feuilles de métal en objet décoratif. « La dinanderie c’est finalement ce que je préfère. C’est mon côté artistique qui ressort. Dans ce domaine, il faut beaucoup de patience et de précision. C’est le résultat final qui compte. S’il faut recommencer je recommence ». La ferblanterie concerne plutôt ce qui est zinguerie (façonnage du zinc et du zamac) lié au travail de couvreur.
Un travail artisanal, de la patience et l’amour du métier
Dans son petit atelier près de sa maison, Franck essaie de mettre de l’ordre mais ce n’est pas toujours simple. Il faut dire qu’il faut avoir de la matière et les outils sous la main. Alors Franck récupère, il stocke, parfois on lui donne. Il sculpte le métal pour en faire de belles créations à partir des désirs originaux de ses clients. « J’utilise des matières nobles, du cuivre, du laiton, du zinc, de l’étain… Avec le cuivre, on peut aboutir à d’autres couleurs comme le violet, le jaune, le bleuté… et je sais que mes créations vont résister dans le temps. »
D’un tronc d’arbre, Franck en fait son billot, il y installe une enclume de cordonnier pour façonner le métal, des moules en map (plâtre) ou en bois exotiques… « Je lutte contre la rouille, il faut des outils impeccables pour travailler. Les outils c’est important pour moi, car je sais qu’ils ont une histoire, du vécu, parfois ils ont un nom. » Des tables de plomb lui servent d’établi pour travailler le métal : « Cela permet d’encaisser les chocs et de donner la forme à mon cuivre lorsque je martèle avec des poinçons ou des burins, il faut toujours que le cuivre soit rouge sans arrêt, je le retape à l’envers puis je le polis et je le découpe, c’est tout une technique. Il faut souvent fabriquer des outils pour faire une pièce. »
De coq à Voltaire, des œuvres insolites
L’artiste donne vie à différentes scènes selon les demandes. La girouette sert à connaître la direction du vent mais elle sert également de bel ornement. « Bien sûr j’ai fait des coqs, mais ce sont les demandes un peu plus insolites qui me plaisent. J’aime quand ça sort de l’ordinaire. Je fais un dessin comme je peux, j’échange avec le client par rapport à ce qu’il m’a demandé et on voit ce qui lui convient. Il y a toujours une histoire derrière la commande, des fois on me raconte, des fois je ne sais pas. En tous les cas ce sont des pièces uniques, si on est sur un même modèle, il y aura toujours quelque chose qui change. » Franck a été amené à réaliser des girouettes de Mary Poppins, de Voltaire sur son fauteuil en train de lire ou encore d’un cycliste au contre-la-montre.

L’artisan ne se lasse pas et pour lui, c’est en forgeant qu’on devient forgeron. « Je cherche toujours à mieux faire et d’ailleurs plus on pratique, mieux c’est. » Et quand des demandes particulières lui sont faites, il n’hésite pas à faire des recherches et à demander à des spécialistes « J’ai réalisé un violon avec ses cordes en cuivre et en laiton en taille réelle. Je suis allé voir le luthier, il m’a transmis un gabarit pour être au plus proche de la réalité.
Par-delà les frontières
Les roses des vents se multiplient, certaines ornent les façades du vieux quartier des pêcheurs, certaines sont d’ores et déjà parties en Russie, dans le sud de la France et bientôt à Dubaï. Le bouche-à-oreille fonctionne et les œuvres réalisées ont du succès. « Je fais les foires, souvent j’apporte une pièce en cours de réalisation et j’échange avec les gens, j’explique mes techniques, c’est ça aussi qui me plaît, j’aime parler de ma passion. »

Franck sera présent samedi 31 mai et dimanche 1er juin à la fête des Vikings à Isigny-sur-Mer « J’aime cette époque, le métier va avec, ils façonnaient le métal. D’ailleurs, je fais aussi les enseignes médiévales d’échoppes. » Franck peut également intervenir pour réaliser des garde-corps en fer forgé ou des braseros. « Toutes ces techniques de nos anciens vont disparaître, j’aimerais transmettre bien sûr tout ce savoir-faire et donner l’envie de poursuivre. » Qui sait peut-être que la relève sera assurée avec ses petits-enfants déjà adeptes de l’atelier de leur grand-père !
45 rue de la vallée d’Aure, Isigny-sur-Mer / F. Girouette Création, Tél. : 06 85 12 80 65.
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