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    ces bateaux métalliques qui deviennent des cercueils flottants pour les migrants

    April 21, 20258 Mins Read


    À une trentaine de kilomètres au nord de Sfax, l’entrée du petit port de pêche de La Louza offre un spectacle singulier : des dizaines de barques en métal concassées ou trouées, empilées les unes sur les autres, s’entassent sur la digue. Au milieu du port, au poste de la garde nationale, des agents scrutent un radar maritime.

    La Louza, Tunisie.
    La Louza, Tunisie. COURRIER INTERNATIONAL

    Le chef de poste ne souhaite faire “aucun commentaire”. De leur côté, les pêcheurs de La Louza sont formels : il s’agit des embarcations utilisées par les migrants pour traverser la Méditerranée qui sont interceptées puis détruites par les forces de l’ordre pour ne pas être réutilisées.

    De fait, des débris similaires parsèment le littoral au nord de Sfax, détruits à l’endroit même où ils ont été interceptés. Sur la plage, les habitants de La Louza interrogés expliquent ne rien savoir de l’origine de ces barques en métal. Des documents confidentiels et des communications issues du Service européen pour l’action extérieure (EEAS) permettent pourtant de saisir l’importance que ce type d’embarcation a prise dans les flux migratoires partant de Tunisie.

    Classé “document sensible”, un rapport de la Commission européenne daté d’octobre 2024 sur les tendances migratoires en Méditerranée centrale précise que “les bateaux artisanaux en métal restent le moyen de transport principal sur ce corridor, présent dans environ 50 %” des traversées.

    “Nous avons pu constater l’usage de ce type d’embarcation se généraliser depuis l’été 2022”, explique de son côté Sophie-Anne Bisiaux, chercheuse et membre du projet Alarm Phone, qui surveille et alerte sur les incidents impliquant des migrants en Méditerranée.

    Une information corroborée par une note de l’EEAS, détectant pour la première fois l’usage des bateaux métalliques “sur le corridor tunisien” en août 2022. Sophie-Anne Bisiaux considère ces barques en métal comme des “embarcations dangereuses” et “propices aux naufrages”. Un constat corroboré par les documents confidentiels de l’EEAS, et par les témoignages de migrants. Pourtant, rien ne semble pouvoir freiner leur usage.

    Amas de barques concassées

    Dans les terres, les Subsahariens expulsés de Sfax lors des émeutes de l’été 2023 ont trouvé refuge dans les champs d’oliviers. Les campements installés le long de la “route de Mahdia” (C82) sont nommés d’après les bornes kilométriques [près desquelles] ils sont situés. L’un de ces camps, situé dans la délégation d’El-Amra, est réputé pour être “un point de départ pour d’autres kilométrages”. Des centaines de Subsahariens viennent d’y passer l’hiver dans des tentes de fortune, et se préparent à prendre la mer. Derrière le camp, une dizaine de barques métalliques gisent sur le sol, complètement concassées.

    “C’est la garde nationale qui a fait ça, ils sont venus avec une grosse pelleteuse”, explique l’un des habitants du camp sous le couvert de l’anonymat.

    Selon lui, cette opération de destruction a eu lieu “il y a plusieurs mois” déjà. Depuis, les migrants entreposent les embarcations à un autre endroit. Peu d’entre eux acceptent d’expliquer comment sont construits ces bateaux.

    “Constituées de fines plaques de fer assemblées entre elles, ces embarcations métalliques répondent aux récents raids menés contre les usines de fabrication de bateaux en bois”, détaille Sophie-Anne Bisiaux. En décembre 2023, une note interne de Frontex [l’Agence européenne de gardes-frontières et de gardes-côtes] expliquait que la longueur moyenne de ce type de barques est de 7 mètres, et que “le nombre moyen de migrants à bord est de 41”.

    “On le constate dans d’autres régions comme la Manche : quand les autorités s’attaquent aux prétendus ‘passeurs’, ce sont les personnes migrantes qui en paient les conséquences”, résume la chercheuse.

    Un Guinéen familier des méthodes d’organisation des voyages explique qu’il faut “passer plusieurs appels pour obtenir le métal, puis l’assembler, puis livrer ‘à domicile’ le bateau”. Loin du cliché de réseaux de passeurs organisés et autonomes, la production des barques en métal relèverait donc d’un nombre important d’intermédiaires, Tunisiens comme Subsahariens.

    “Dans un cas au moins, un réseau de passeurs (principalement des ressortissants tunisiens) a demandé à un groupe de migrants irréguliers guinéens de produire des bateaux en métal utilisés pour des traversées vers l’Italie”, assure une note interne d’Europol en octobre 2024.

    Les sites de fabrication des bateaux métalliques ne se trouvent d’ailleurs pas forcément dans les zones de départ des migrants. En novembre, la police a ainsi découvert un atelier géré par des individus subsahariens dans la banlieue de Tunis, à Raoued. L’un des pêcheurs de La Louza assure aussi que “les bateaux sont amenés en camion depuis Monastir, la nuit”.

    Sophie-Anne Bisiaux explique quant à elle que “la qualité de ces embarcations s’est dégradée au gré de la criminalisation des ateliers des fabricants, les bateaux étant construits à la va-vite et avec des matériaux de mauvaise qualité”.

    “La police arrive, d’un coup”

    Joël* est un jeune Camerounais, arrivé en Tunisie par la frontière algérienne en juin 2024. Fin octobre, le vingtenaire se rend dans les camps de migrants installés à El-Amra [pour] prendre part à “un mouvement” : une tentative de traversée de la Méditerranée jusqu’à l’île italienne de Lampedusa. Le départ a lieu en pleine nuit, depuis une plage proche de La Louza. Les organisateurs du convoi, des migrants qui prennent aussi part au voyage, font embarquer les passagers sur “un bateau d’environ 5 ou 6 mètres”, explique Joël.

    “On se lance dans l’eau, il y a 80 personnes sur le bateau, avec un moteur de 75 chevaux… Donc, on n’est même pas encore partis qu’on prend l’eau ! Puis la police arrive, d’un coup”, se souvient Joël.

    D’après le jeune homme, ce type d’incidents “arrive presque tout le temps” avec les barques métalliques. “Elles sont très instables et peuvent facilement se remplir d’eau et chavirer à tout moment”, confirme Sophie-Anne Bisiaux. La chercheuse rappelle aussi que ces embarcations présentent un risque pour les sauveteurs “en raison de leur instabilité et de leurs bords tranchants, qui peuvent endommager les tubes gonflables des zodiacs”.

    En décembre 2023, dans une note interne d’“avertissement analytique”, les agents de Frontex notaient déjà que “l’utilisation des bateaux artisanaux en métal augmente la probabilité d’accident”. Parmi les facteurs invoqués, les gardes-côtes européens citent “la flottabilité insuffisante” et “la surcharge de passagers”.

    Malgré ces risques, les barques métalliques comptaient déjà en 2023 pour 77 % des traversées en Méditerranée, une statistique rapportée dans plusieurs documents de l’EEAS. Surtout, les services européens notent à plusieurs reprises que les passagers de ces embarcations sont “principalement des ressortissants subsahariens”.

    Peu de frais

    Les migrants tunisiens, eux, continueraient à se tourner vers des embarcations fabriquées en bois ou en fibre de verre, comme les bateaux de pêche classiques. Dans le campement d’El-Amra, un migrant ivoirien ayant passé plusieurs mois à Tripoli explique aussi n’avoir “jamais vu de bateaux en métal en Libye”. La note interne de Frontex de décembre 2023 note quant à elle l’augmentation de l’utilisation de “larges bateaux de pêche” pour les traversées, bien moins propices aux naufrages.

    Un migrant subsaharien dans une embarcation métallique interceptée par les gardes-côtes, au large de la ville tunisienne de Sfax, en octobre 2022.
    Un migrant subsaharien dans une embarcation métallique interceptée par les gardes-côtes, au large de la ville tunisienne de Sfax, en octobre 2022. PHOTO FETHI BELAID/AFP

    Les sources s’accordent également toutes sur un point : si les Subsahariens utilisent désormais les barques métalliques, c’est en grande partie à cause de leur prix peu élevé.

    Entre décembre 2023 et octobre 2024, plusieurs documents de l’EEAS donnent ainsi la fourchette de “300 à 800 euros” ou “350 à 900 euros” pour une place sur un bateau, depuis la région de Sfax. Joël explique même que “les prix commencent après 500 dinars [environ 150 euros], et ne peuvent pas dépasser 1 500 [environ 450 euros]”.

    “Le corridor tunisien continue d’attirer les migrants subsahariens, en grande partie parce que les passeurs proposent de faibles frais de traversée en utilisant les bateaux artisanaux métalliques”, explique le rapport de la Commission européenne d’octobre 2024 précité.

    Le montant peut paraître dérisoire pour un ticket vers l’Europe. Reste que la somme est “très difficile et très longue à réunir”, selon Joël. Sophie-Anne Bisiaux souligne quant à elle que les Subsahariens présents en Tunisie sont maintenus “dans des situations économiques très précaires”, notamment depuis février 2023 et le déclenchement de “politiques xénophobes et pratiques racistes” en Tunisie.

    Expulsion des logements, perte d’emploi, blocage des transferts internationaux et impossibilité de régulariser leur situation : la chercheuse rappelle que “la criminalisation des populations migrantes noires et le risque de déportation les forcent à vivre cachées, privées de ressources économiques”.

    La chercheuse et le projet Alarm Phone dénoncent aussi “les politiques de lutte contre les ‘passeurs’, qui sont devenues ces dernières années la véritable obsession des pays européens”.

    Dans les documents de l’EEAS consultés par Inkyfada, les expressions “réseaux de passeurs” et “groupes criminels” sont utilisées presque systématiquement pour désigner les fabricants des bateaux métalliques, auxquels la responsabilité des naufragés est entièrement attribuée.

    À plusieurs reprises, les rapports européens expliquent aussi que les “efforts préventifs” et “campagnes de sécurité” menées par les autorités tunisiennes ont permis de réduire les vagues de départs depuis Sfax entre 2023 et 2024. Sans préciser que ces opérations expliquent aussi la dégradation des conditions de transport des migrants en Méditerranée.

    “Après plus de vingt ans de politiques répressives à l’égard des supposés ‘passeurs’ et l’explosion des morts aux frontières, nul ne peut plus ignorer que, loin de les protéger, ces politiques aggravent la situation des personnes exilées”, résume Sophie-Anne Bisiaux.

    * Le prénom a été modifié.



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