Esongo s’en est allé rejoindre les siens. Ce gorille de métal trône désormais fièrement aux côtés de ses congénères de chair et d’os à l’espace zoologique de Saint-Martin-la-Plaine, dans la Loire. Un mètre 40 de haut pour une soixantaine de kilos, l’œuvre magistrale a été offerte au parc animalier célèbre pour l’histoire d’amour entre Pierre et Éliane Thivillon et les primates. Une histoire qui a passionné six jeunes apprentis métalliers qui se sont lancés dans l’aventure de ce travail il y a huit mois.
Pour réparer les erreurs des hommes
Tout commence par une promenade dans une grande surface. Thomas Bellon, enseignant en métallerie à l’Erea Philibert Commerson, à Bourg-en-Bresse, est en recherche d’une idée. Il a déjà fait travailler ses élèves sur des projets originaux comme un immense globe terrestre en pièces de vélo de récupération fait à l’occasion du passage du Tour de France dans l’Ain. Il s’arrête devant un petit gorille en plastique au rayon décoration. Il connaît l’histoire du parc de Saint-Martin-la-Plaine, même s’il n’y est jamais allé. Une vidéo d’un reportage de France Télévision va créer un déclic se rappelle-t-il : « On voyait Pierre Thivillon très ému qui racontait son aventure et comment il avait passé sa vie à réparer les erreurs des hommes vis-à-vis de ces animaux. Les jeunes étaient bouche bée et très émus aussi après l’avoir vu. »
Ils vont travailler, avec leur professeur de français, pour constituer un dossier et envoyer un mail au parc. Deux jours plus tard, la réponse arrive, positive, et le travail commence. Géométrie, mathématiques, dessin, découpage, assemblage, finition, au bout de huit mois avec leurs enseignants, ces élèves de deuxième année de CAP métallerie peuvent, avec beaucoup de fierté, poser pour la photo souvenir au moment d’emporter leur œuvre.
Heureux comme Esongo au moment du voyage
Le gorille a été offert au parc et une plaque expliquera aux visiteurs que ce sont ces six jeunes Aindinois qui l’ont réalisé. À l’heure de prendre la route, jeudi 20 mars, tous affichaient une fierté légitime.
Élèves d’un établissement régional d’enseignement adapté dont la mission est d’ accueillir des jeunes connaissant des difficultés importantes, eux aussi ont été en quelque sorte « réparés » par cet enseignement.
Le nom qu’ils ont choisi pour leur gorille est d’ailleurs plus qu’un symbole, le signe d’une nouvelle étape dans leur vie. Esongo signifie en effet « heureux » en lingala, la langue bantoue parlée en République démocratique du Congo, d’où sont originaires la plupart de ces grands gorilles.
Plus de 1 000 animaux à l’espace zoologique de Saint-Martin-la-Plaine
Depuis 1972, Éliane et Pierre Thivillon n’ont cessé d’œuvrer pour les animaux. D’abord horticulteurs à Saint-Martin-la-Plaine dans la Loire, l’accueil et le soin des animaux locaux blessés remplacèrent leur amour des fleurs pour celui des animaux. Ils décidèrent alors de fonder le parc.
Une passion pour les animaux qui s’exalta en 1974 avec l’accueil d’Alexis, le premier gorille puis de Platon qui devint l’emblème du parc. Entre Lyon et Saint-Etienne, les visiteurs peuvent aujourd’hui découvrir plus de 1 000 animaux et participer ainsi à l’action de l’association Tonga Terre d’Accueil, refuge pour animaux sauvages depuis 2008, engagée dans plusieurs programmes de conservation in situ.