Louise Girard a connu la formation à ses débuts, en 1991, alors qu’elle jouait encore des reprises de groupes comme Metallica et Pantera, à travers lesquels se greffaient de ses compositions.
«Ce qui m’a accrochée, c’est le “punch” de leurs compositions, leur talent de faire des tounes accrocheuses. Ce qui me fascine aussi, c’est leur détermination à continuer de faire ça, pendant 35 ans. Ils ont toujours autant de plaisir sur scène, ils donnent toujours une aussi bonne performance. Ils sont toujours bien préparés, ils arrivent sur scène et ils ne font pas les choses à moitié. Ils s’investissent dans leur groupe», souligne l’autrice qui demeure aujourd’hui à Saint-Justin, en Mauricie.
Celle-ci dit s’être sentie honorée lorsque le groupe lui a demandé de rédiger sa biographie.
«Je n’ai pas pu refuser, parce que j’adore Anonymus et j’adore écrire!»

La biographie est écrite dans un ordre chronologique. En la lisant, les admirateurs du groupe pourront en apprendre plus sur ses débuts et se régaler de plusieurs anecdotes de tournée et de spectacles. Louise Girard s’attarde également sur leur enfance et un de leurs points communs: le français n’est pas leur langue maternelle.
«Les frères Sutto sont nés ici, Marco (Callieri) aussi, mais ils parlaient respectivement l’espagnol et l’italien à la maison. Carlos Araya est né au Chili. Toute leur histoire est racontée de façon à ce que même ceux qui ne sont pas fans de métal vont pouvoir s’intéresser à leur parcours. On fait aussi un voyage dans le temps, celui des cassettes, avec des projets faits à la mitaine. Leur premier démo a d’ailleurs été enregistré dans le studio de la radio étudiante du Cégep Saint-Laurent. Ça montre toute la débrouillardise dont ils ont fait preuve», relate l’autrice.
On apprendra notamment comment chaque membre du quatuor adoptera son instrument, quels spectacles les ont particulièrement marqués, comment se sont déroulées leurs nombreuses tournées, tant au Québec qu’au Canada et en France.
«Il y a plusieurs témoignages de gens avec qui ils ont collaboré au fil des années, des gens qui ont été proches d’eux. Il y a beaucoup de clins d’œil au groupe», mentionne Mme Girard.
Puisque cette biographie a été produite par Anonymus, elle ne sera pas disponible en librairie. On peut cependant se la procurer en ligne, en prévente jusqu’au 2 avril. Elle sera également disponible au kiosque de marchandise du groupe lors de ses prochains spectacles.
Le respect, secret de la longévité
Du côté d’Anonymus, l’exercice a forcé les musiciens à fouiller dans leurs souvenirs.
«Ça m’a fait réaliser qu’on a oublié pas mal de stock! J’ai 51 ans, ça fait 35 ans qu’on fait de la musique, on en a vécu des affaires! Et je me rends compte que chaque membre du groupe a sa version de telle ou telle histoire. On a les mêmes histoires à raconter, mais chacun d’une manière différente. Qui a raison, on ne le saura jamais», constate avec humour Oscar Souto, bassiste et chanteur du groupe.

L’idée de faire une biographie n’émane d’ailleurs pas des musiciens, confie-t-il, mais de leur gérant Carlos Ponte.
«Nous, on était sûrs que ça ne serait pas intéressant, mais lui a dit: “c’est sûr que ça va être intéressant, vous avez 35 ans de carrière, vous êtes un des rares groupes à avoir duré aussi longtemps, vous avez un parcours irrégulier”», mentionne Souto.
On compte en effet peu de groupes métal qui peuvent se vanter d’avoir une telle longévité au Québec. Quel en est donc le secret?
«Je pense que c’est le respect qu’on a entre nous. Un groupe de musique, c’est comme un couple, comme des amis: s’il n’y a pas de respect, tu ne peux pas avancer. On a tous la même vision de ce qu’on voulait avec le groupe, on a tout le temps emprunté le même chemin», avance Oscar Souto.
«On a eu des hauts et des bas, des moments dans notre carrière où ça allait moins bien, mais on n’a jamais voulu arrêter. La musique fait partie intégrante de notre vie. Oui, on travaille 40 heures par semaine, mais notre priorité reste la musique, c’est Anonymus. S’il faut se faire crisser dehors de notre travail pour pouvoir partir en tournée, on va le faire. La priorité, c’est la musique… et la famille.»
La suite pour Anonymus
Pour la formation montréalaise, l’année 2025 se poursuivra en compagnie de Mononc’ Serge, avec qui elle a lancé l’automne dernier un troisième album, Métal canadien-français. Le groupe aimerait ensuite travailler sur un nouvel album.
«Le vrai dernier album d’Anonymus qu’on a fait remonte à 2019, Sacrifice. On a sorti La Bestia, qui était un genre de truc pour essayer de travailler l’Amérique du Sud, mais on est tombé en pandémie. Mais là, le temps passe et on a envie quand même de faire ce qui va peut-être être le dernier album d’Anonymus – on ne sait pas encore où on va être dans quelques années, on n’est plus des jeunots de 20 ans, on a passé la cinquantaine pour la plupart», mentionne Oscar Souto.
Un mot sur l’autrice
Louise Girard est tombée dans l’univers métal comme Obélix dans la potion magique, en 1989. Elle découvrira de nombreux groupes dans les années 90, puis, lors d’un voyage en Europe, elle découvre le monde des “fanzine”, des magazines faits à la main par des amateurs de groupes ou d’artistes. À partir de 1998, elle réalise, avec des bénévoles, le fanzine Le Sang frais, avec des entrevues, des photos et des chroniques de spectacles et d’albums de groupes de métal québécois.
En parallèle de la biographie d’Anonymus, elle travaille sur le deuxième volume de L’évolution du métal québécois. Celui-ci portera sur la période 1989 à 1997. Il sera publié aux Éditions du Quartz.
Le premier tome, qui couvre les années 1964 à 1989, a été écrit par Félix B Desfossés.