Une étude du Centre for Research on Energy and Clean Air (CREA) estime à plus de 200.000 le nombre de morts prématurées liées aux émissions excessives des moteurs diesel en Europe d’ici 2040.
(Boursier.com) — Révélé il y a dix ans, le scandale du Dieselgate n’a cessé de dévoiler ses impacts dramatiques sur la santé publique et l’environnement. Une étude approfondie publiée par le Centre for Research on Energy and Clean Air (CREA) quantifie précisément les conséquences sanitaires et économiques des moteurs diesel équipés de dispositifs d’invalidation interdits au sein de l’Union européenne et du Royaume-Uni.
Selon ce rapport, ces véhicules, notamment ceux conformes aux normes Euro 5 et Euro 6 avant l’introduction des tests en conditions réelles (RDE), devraient être responsables de 205.000 décès prématurés et 152.000 nouveaux cas d’asthme chez les enfants en Europe entre 2009 et 2040.
Logiciels truqueurs
Pour rappel, le Dieselgate avait éclaté en 2015, lorsqu’il a été révélé que plusieurs constructeurs automobiles utilisaient des logiciels truqueurs permettant de réduire artificiellement les émissions de polluants lors des tests officiels. Ces “defeat devices” permettaient aux véhicules diesel de respecter les normes européennes en laboratoire, tout en rejetant sur route réelle jusqu’à 10 fois plus d’oxydes d’azote – des gaz particulièrement nocifs pour la santé respiratoire.

Selon le centre de recherche finlandais, les émissions excessives issues de ces véhicules ont entraîné une hausse significative de la pollution de l’air dans les zones urbaines denses, contribuant à des maladies cardiovasculaires, des cancers, des troubles respiratoires chroniques, et des cas d’asthme infantile. En France, le CREA estime à 16.000 le nombre de morts prématurées survenues entre 2009 et 2024 du fait des émissions excédentaires de ces moteurs…
?????? ???? NEW | HEALTH IMPACT ASSESSMENT (HIA): Diesel vehicles in EU & UK sup. à sup. à ?? ?? CREA projects excess nitrogen oxide (NOX) emissions from diesel vehicles in EU & UK suspected of cheating during emissions testing will lead to more than 200K deaths from 2009 to 2040 sup. à sup. à w/@ClientEarth pic.twitter.com/uGMLrqUc4r sup. à — Centre for Research on Energy and Clean Air (@CREACleanAir), via Twitter
Un coût économique estimé à 146 milliards d’euro
Sur l’ensemble de la période 2009-2040, ce chiffre devrait atteindre environ 24.000 décès prématurés, accompagnés de 26.000 nouveaux cas d’asthme chez les enfants… Ces impacts sanitaires engendreront un coût économique estimé à 146 milliards d’euros, incluant les coûts liés aux soins médicaux, à la perte de productivité ainsi qu’aux absences maladie, qui devraient atteindre 2,4 millions de jours de congés maladie en raison des pathologies induites.
Une part importante de ces conséquences reste à venir : entre 2025 et 2040, si aucune mesure n’est prise, le centre de recherche prévoit 8.000 décès prématurés supplémentaires, 8.000 nouveaux cas d’asthme infantile, ainsi que 45 milliards d’euros de coûts économiques.
A l’échelle européenne, c’est-à-dire l’Union européenne et le Royaume-Uni, l’étude révèle également que ces pollutions causeraient 24 millions de jours d’absence au travail, correspondant à des congés maladie, entre 2009 et 2040. L’ensemble de ces impacts sanitaires devrait représenter un coût économique colossal, estimé à 1.200 milliards d’euro pour l’ensemble de l’Europe.
Face à ces constats, le CREA appelle les gouvernements européens et les constructeurs automobiles à agir, appelant à “une enquête et un rappel des véhicules suspectés d’utiliser des dispositifs d’invalidation interdits” qui “pourrait réduire les dommages futurs et permettre des avantages sanitaires et économiques significatifs”. Par ailleurs, lundi dernier, la justice allemande a condamné quatre anciens dirigeants de Volkswagen à des peines allant jusqu’à quatre ans et demi de prison, reconnaissant leur responsabilité dans le scandale du Dieselgate.