Energy Observer, c’est d’abord un nom gravé sur la coque d’un navire pionnier, à la fois laboratoire flottant et manifeste énergétique. Lancé en 2017, depuis Saint-Malo, son port d’attache, ce catamaran expérimental a été le premier au monde à embarquer une chaîne hydrogène complète, associée à des énergies renouvelables et à une propulsion vélique pour démontrer la viabilité de solutions durables dans des environnements maritimes exigeants.
Mais Energy Observer, c’est aussi un projet bien plus vaste, à la croisée des expéditions scientifiques, de l’innovation technologique et de la sensibilisation environnementale, qui réunit ingénieurs, marins, journalistes, experts et artistes autour d’un même cap. Le groupe concentre ses efforts autour de trois missions : expérimenter des technologies de pointe pour réduire les émissions du transport maritime, décrypter et expliquer les enjeux énergétiques mondiaux et sensibiliser le public pour atteindre la neutralité carbone.
Aux Nations unies
Le 10 juin 2025, depuis Nice, dans le cadre de la Conférence des Nations unies sur l’Océan (UNOC3), Energy Observer a annoncé officiellement sa nouvelle expédition mondiale, intitulée « En quête de la neutralité carbone » qui se déroulera entre 2025 et 2033.
Face à l’urgence climatique, il n’était plus possible de rester inactifs.
« L’aventure d’Energy Observer est née de ma passion pour la mer, associée à une prise de conscience profonde de l’impact environnemental de nos activités maritimes. Face à l’urgence climatique, il n’était plus possible de rester inactifs. Avec Energy Observer, nous avons décidé d’agir à notre échelle », a déclaré Victorien Erussard, président fondateur d’Energy Observer.
Nouveau navire
Cette nouvelle aventure de neuf ans, structurée autour de sept missions, veut aboutir à des « solutions concrètes pour relever les grands défis climatiques de notre époque » avec un objectif : « l’identification des clés de la neutralité carbone ». Cette expédition va démarrer avec le bateau d’origine et se poursuivre à partir de 2027 avec Energy Observer 3 (EO3).
Cette année et en 2026, la première mission « Capture carbone » va s’attacher à analyser
les solutions de capture, de stockage et de valorisation du CO₂, principal gaz
à effet de serre responsable du changement climatique. Energy Observer parcourra
l’Europe et l’Atlantique Nord pour étudier les technologies industrielles associées, ainsi
que les écosystèmes naturels capables de séquestrer durablement le carbone.
En 2027, ce sera le lancement de la mission « Mobilité durable » avec la mise à l’eau d’EO3, dix ans après le lancement du premier navire laboratoire, EO1. La mission, qui se déroulera en Europe, sera dédiée à la décarbonation des transports sous toutes leurs formes : routier, ferroviaire, maritime et aéronautique.
À suivre, en 2028, la mission « Intelligence artificielle et transition énergétique », en 2029, la mission « Matériaux stratégiques et économie circulaire », de 2030 à 2031, la mission « Énergies fossiles, renouvelables et nucléaires », en 2032, la mission n° 6 « Eau, accès à une ressource vitale » et enfin, en 2033, la dernière mission de cette expédition inédite, la mission « Tour du monde arctique ».
Pour conclure cette expédition inédite, le navire EO3 entreprendra un tour du monde polaire en traversant l’Arctique, territoire sentinelle du dérèglement climatique et théâtre de nouveaux équilibres géopolitiques. « Cette mission réunira des experts de multiples disciplines pour éclairer les stratégies d’adaptation et de résilience à long terme face aux crises climatiques. »
Décarboner
EO3, fier successeur d‘ EO1, est un catamaran d’expédition de nouvelle génération. Face aux objectifs de l’Organisation Maritime Internationale, visant une réduction de 70 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2040, EO3 se positionne comme un « pionnier chargé de tester et valider de nouvelles solutions maritimes décarbonées » : un carburant bas carbone (l’ammoniac, vecteur d’hydrogène) ; une propulsion électrique alimentée par des batteries et des piles à combustible, à basse et haute température ; des panneaux solaires et quatre ailes véliques, contribuant à la propulsion et à l’autonomie.
Comme l’a souligné Didier Bouix, directeur général d’EO Concept, « EO3 est avant tout un démonstrateur technologique. Son rôle n’est pas de valider une solution unique, mais d’évaluer, dans la durée et en mer, plusieurs architectures énergétiques complémentaires. Notre objectif est d’apporter des données concrètes, mesurables, sur la performance, la robustesse et l’intégration de ces technologies. C’est cette approche expérimentale, rigoureuse, qui permettra d’éclairer les décisions industrielles et réglementaires à venir. »