Il s’agira d’un catamaran électrique de 30 m de long, 12 m de large et 19 m de haut pouvant naviguer à 8 nœuds. Outre 180 m² de panneaux solaires (32 kWc) et quatre ailes de propulsion Oceanwings, EO3 embarquera 7,5 tonnes d’ammoniac liquide dans deux réservoirs, qui seront converties à bord en hydrogène par l’alimentation de deux piles à combustibles, l’une à échangeur de protons (PEM) de 70 kW et l’autre à oxyde solide (SOFC) de 15 kW, pour alimenter deux moteurs électriques de 85 kW.
Le navire expérimental embarquera également un moteur à combustion interne d’ammoniac, EO3 visant à comparer méthodiquement les performances et les comportements en conditions réelles des différentes technologies, et à maîtriser les émissions de NOx, principal enjeu de l’usage direct de l’ammoniac.
Ce système énergétique inédit doit offrir une autonomie équivalente à environ 4 tonnes de diesel. Beaucoup plus spacieux qu’EO1, EO3 pourra, à chaque escale, accueillir à bord des événements, conférences, projections, de 30 à 40 de participants. En plus d’un équipage de 6 personnes, EO3 pourra embarquer 12 passagers, de jeunes ingénieurs, des chercheurs, des artistes et des décideurs.
«Nous voulons aller au bout de l’enquête»
Car EO3 n’est pas seulement un démonstrateur technologique. Comme son grand frère Energy Observer, qui a parcouru toutes les mers du globe durant sept ans pour démontrer et promouvoir une navigation zéro carbone, le nouveau projet du capitaine breton vise aussi à engranger des connaissances concrètes sur les technologies, les ressources et les modèles économiques nécessaires à une décarbonation durable de la navigation. «Nous voulons aller au bout de l’enquête», explique Victorien Erussard à L’Usine Nouvelle. Le capitaine de marine marchande, champion de course à la voile, ne se contente pas de la théorie. Et si EO3 va tester l’ammoniac, l’expédition va évaluer les autres solutions, comme les carburants durables comme l’e-méthanol à base de CO2 biogénique. «Je ne veux pas juger. Je veux aller sur le terrain avec des experts.»
Energy Observer est donc reparti pour un tour du monde de huit ans pour expérimenter des briques nécessaires pour atteindre la neutralité carbone : capture du carbone (2025-26) en Europe et dans l’Atlantique Nord, mobilité durable (2027), intelligence artificielle (2028) en Amérique du Nord, matériaux stratégiques et économie circulaire (2029) en Afrique, cohabitation des énergies fossiles, nucléaire et renouvelables (2030-31) en Asie, l’eau (2032) en Amérique du Sud et en Antarctique, et l’adaptation (2033) en Arctique.
En attendant EO3, EO1, qui devait être transformé en musée à Saint-Malo, son port d’attache, reprendra du service durant deux ans. Ce nouveau projet d’une dizaine de millions d’euros est déjà soutenu par le groupe Accor, Delanchy, Qair, Natixis, le groupe Roullier, Toyota, Chart Industries et la Banque Populaire Grand Ouest.