“Une bombe sanitaire”.
C’est ainsi que Pascal Meyvaert, coordinateur du groupe de travail santé et environnement des unions régionales des professionnels de santé-médecins libéraux (URPS-ML), qualifiait l’exposition des Français au cadmium, dans un courrier adressé au Premier ministre et aux ministres de la Santé, de l’Agriculture et de la Transition écologique, le 2 juin 2025, comme le relayait alors Le Monde.
Et pour cause, ce “métal lourd et cancérigène” se retrouverait dans de nombreux aliments du quotidien. D’après les médecins libéraux, “plus d’un tiers des enfants de moins de 3 ans dépassent la dose tolérée par l’organisme chaque jour”, partage France Info.
Mais alors, de quels produits se méfier et comment limiter son exposition au maximum ?
Selon une note de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), le cadmium est un métal que l’on retrouve naturellement dans les sols.
“Certaines activités humaines, comme les activités agricoles (engrais) et industrielles (métallurgies), peuvent augmenter sa présence dans les sols. La principale source d’exposition au cadmium est l’alimentation. En effet, dans le sol, il pénètre facilement dans les végétaux par leurs racines et entre ainsi dans la chaîne alimentaire. Les fumeurs sont également exposés au cadmium par l’inhalation de la fumée du tabac. D’autre part, en milieu industriel, les professionnels sont exposés via l’air ambiant”.
Et la communauté scientifique tire la sonnette d’alarme depuis des années. “Plus de 16 000 articles scientifiques documentent les effets délétères du cadmium qui se fixe sur les os et s’accumule dans les reins et le foie. Il est associé à des maladies osseuses comme l’ostéoporose, des néphropathies, des troubles de la reproduction et à un risque accru de cancer (reins, poumon, prostate, sein…)”, souligne Le Monde. En parallèle, au micro de France Info, Pascal Meyvaert appuie que “le cadmium est à l’origine de l’explosion des cancers du pancréas“.
En 2019, déjà, l’ANSES recommandait de réduire la concentration autorisée en cadmium à 20 milligrammes par kilogramme maximum dans les engrais (contre 60 milligrammes aujourd’hui), sans réponse concrète de la part du gouvernement français.
Les aliments les plus contaminés
Toujours selon l’autorité de santé, certains aliments seraient plus contaminés au cadmium que d’autres. C’est notamment le cas des crustacés et mollusques, des abats, des biscuits sucrés et salés, des barres de céréales et du chocolat.
Également, les céréales (blé, riz…) le pain, les légumes, les pommes de terre et les produits qui en contiennent sont contributeurs d’apports en cadmium, tout comme les algues.
D’après l’ANSES, “près d’un quart des algues destinées à l’alimentation dépassent la valeur de concentration maximale recommandée”.
Comment s’en protéger au mieux ?
Malgré tout, peu d’options s’offrent réellement à nous pour limiter notre exposition. Toutefois, varier son alimentation reste la manière la plus simple de s’en prémunir, d’après la note de l’ANSES.
Mais “il faut agir à la source, en particulier au niveau des matières fertilisantes en partie à l’origine de l’augmentation de la concentration en cadmium dans les sols et, in fine de sa teneur dans les aliments. À cet effet, l’Agence avait proposé de nouvelles valeurs seuils afin d’éviter la survenue d’effets sanitaires et de mieux protéger les consommateurs comme les travailleurs”, souligne l’écrit. Cependant, “l’Anses précise qu’il faudra des dizaines d’années pour que les niveaux de contamination des sols commencent à baisser”, rappelle Le Monde.
Si ses derniers travaux publiés remontent à 2011, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail estime que “0,6 % des adultes ont des expositions alimentaires dépassant la dose journalière de cadmium tolérable pour l’organisme (0,35 microgramme de cadmium par kilogramme de poids corporel). Les enfants de 3 à 17 ans sont quant à eux 14 % à être surexposés, un chiffre qui monte à 36 % chez les moins de 3 ans”.
Ce mardi 10 juin 2025, le ministre de la Santé a annoncé la possibilité de se faire dépister gratuitement à partir de l’automne (test urinaire). “Ce dépistage est remboursé à l’hôpital et il le sera à l’automne en médecine de ville”, a expliqué Yannick Neuder, interrogé à l’Assemblée nationale par la députée écologiste Sandrine Rousseau.