Moins connu que le plomb ou le mercure, le cadmium s’impose aujourd’hui comme l’un des principaux risques sanitaires liés à l’alimentation en France. Ce métal lourd, naturellement présent dans l’environnement, a vu sa concentration fortement amplifiée par l’activité humaine, notamment à travers l’usage massif d’engrais phosphatés en agriculture conventionnelle. Ce métal s’accumule dans les sols, puis migre dans les végétaux via les racines, contaminant la chaîne alimentaire.
Ou trouve du cadmium dans les aliments de base : pain, pâtes, céréales, pommes de terre, légumes racines, mais aussi le chocolat, les crustacés et certains abats. Selon des études de l’Anses, 36 % des enfants de moins de trois ans consomment quotidiennement des quantités de cadmium supérieures à la dose tolérable, contre seulement 0,6 % des adultes.
Un risque documenté mais ignoré
Classé cancérogène certain pour l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer, le cadmium est reconnu pour ses effets mutagènes et toxiques sur la reproduction. Il s’accumule dans l’organisme, principalement dans les reins, le foie et les os, avec des conséquences qui s’expriment souvent après des années d’exposition chronique. Parmi les symptômes, on peut citer des atteintes rénales précoces, une déminéralisation osseuse et augmentation du risque de fractures, mais aussi des risques de cancers, notamment du rein, du foie et du pancréas, ainsi que des effets sur la fertilité et le développement du fœtus.
La situation est jugée alarmante par les Unions régionales de professionnels de santé (URPS), qui ont récemment interpellé le gouvernement pour réclamer des mesures urgentes et structurelles. Malgré des alertes répétées de l’Anses depuis plus de dix ans, les recommandations visant à réduire la présence de cadmium dans les engrais et les aliments peinent à être appliquées. La contamination des sols français provient à 60-70 % de l’utilisation d’engrais phosphatés, rapportent les chercheurs de l’Inrae. Ces engrais, interdits en agriculture biologique, sont responsables d’une accumulation progressive du métal dans les terres cultivées, et donc dans les récoltes.
Les enfants, premières victimes
Le métabolisme des enfants les rend plus sensibles à la toxicité du cadmium. Leur organisme, en croissance rapide, absorbe proportionnellement plus de métaux lourds que celui des adultes, et leurs reins, encore immatures, éliminent moins efficacement les substances toxiques.
Pour limiter l’exposition au cadmium, les autorités sanitaires recommandent plusieurs mesures, applicables en particulier chez les plus jeunes : privilégier une alimentation variée, en diversifiant les sources de céréales, de légumes et de protéines, favoriser les produits issus de l’agriculture biologique, notamment pour les aliments les plus à risque comme le blé, les pommes de terre et les légumes racines, et limiter la consommation de produits de la mer à risque d’abats et de chocolat. Le tabac étant une source majeure d’exposition au cadmium, il est aussi conseillé d’éviter d’exposer les plus jeunes au tabagisme passif.
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