Un corbeau en métal qui déploie ses ailes, accroché à l’immense porte en bois… C’est ainsi que l’on entre chez Black Phœnix. À Génelard, rue de Montceau, près des anciens ateliers Troncy et fils – et avant eux, les établissements Ponceblanc – une nouvelle vie s’anime derrière une façade discrète.
Des cœurs d’acier, des silhouettes animales, une guitare figée dans le métal… L’atelier de Filipe Batista Silva, alias Black Phœnix, est un sanctuaire de fer et de feu, où les rebuts de notre société renaissent autrement : plus libres et plus beaux. Autodidacte, sculpteur par nécessité autant que par instinct, il travaille la matière comme on remonte le fil d’un passé cabossé.
Une vie de nomade
Né à Reims, bercé en Bretagne, ce nomade moderne a traversé la France avec pour tout bagage un sac à dos, sa chienne, et une quête de sens. C’est en Bourgogne qu’il ancre son énergie depuis trois ans, et aujourd’hui, à Génelard, qu’il trouve enfin son atelier. « Il y a une âme ici, une histoire… J’y suis bien », dit-il.
Depuis près de sept ans, Filipe transforme la ferraille en fragments d’univers. Ce qui n’était au départ qu’un geste de survie – récupérer, assembler, visser – est devenu une écriture. Il apprend à souder avec des tutoriels, découvre que les mains savent faire ce que l’âme leur souffle. Et la magie opère : un caméléon surgit d’un pot d’échappement, un vautour d’un réservoir, un combi Volkswagen renaît d’un vieux ballon d’eau chaude.
« Tous les artistes sont les bienvenus »
Black Phœnix, c’est aussi une façon de vivre : sans patron, sans horaires, à l’instinct. Il travaille à plein temps, sept jours sur sept. L’atelier est ouvert, battant, vivant et attend les curieux. Filipe soude, sculpte, crée. « Donner vie à la matière, c’est mon essence. »
Aujourd’hui, il rêve d’un atelier partagé. Deux cents mètres carrés dorment encore dans les anciens locaux et lui rêve de réveiller cet espace. « On pourrait être quatre ici. Pas forcément tous sculpteurs. Tous les artistes sont les bienvenus. Je sais qu’il y a plein de talents dans la région qui n’attendent qu’une chose : prouver ce qu’ils valent. »
Un lieu à faire vivre
Si le petit atelier attenant est suffisant pour créer, il s’avère trop étroit pour exposer comme il se doit. « C’est pourtant ce que j’aimerais : accueillir, faire connaissance, me présenter et présenter mon travail. » Loin des galeries figées, il veut que l’art reste proche, vivant et humble. « Car il ne faut jamais oublier d’où on vient. »
▶ Exposition au Creusot le 31 mai sur le parking de Biomonde. De juin à août à la bibliothèque et au Moulin de Luzy, et en 2026, au pôle culturel.