Quand on le lance sur le sujet de la souveraineté numérique, voilà ce que Nicolas Leroy-Fleuriot, PDG du groupe girondin Cheops Technology (750 collaborateurs, 202 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel) constate. Mais, concernant les logiciels, il tempère : « En software, avec le géant allemand SAP, nous montrons que nous, Européens, sommes capables de rivaliser avec les USA. En France, nous avons des logiciels de gestion des entreprises open source [au code source ouvert, NDLR] qui sont capables de faire aussi bien qu’eux. »
« Notre dépendance logicielle n’est pas une fatalité »
Par ailleurs, le dirigeant acte aussi l’ultradomination américaine concernant les suites collaboratives, ces logiciels et outils que particuliers, entreprises, collectivités, utilisent au quotidien : « Dans ce domaine, nous sommes dépendants à 100 % de deux acteurs américains : Google avec la suite Gmail et Microsoft avec la suite Microsoft 365. » Cependant, il poursuit : « Notre dépendance sur ce sujet n’est pas une fatalité pour l’Europe. »
Une idée, une ligne que le dirigeant bordelais a voulu transformer en stratégie de développement pour Cheops Technology, groupe expert des infrastructures informatiques sécurisées. En 2023, son groupe a lancé le service Mail In France avec une promesse : proposer une solution souveraine compatible avec Outlook, sécurisant les mails entrants et sortants (antivirus, antispam) via une interface unique permettant d’accéder à toutes les fonctions utiles : mail, visioconférence, etc.
Notre économique sous la menace du « Cloud Act » américain ?
« J’ai beaucoup embêté mes équipes lors de sa mise au point car je voulais que, pour nos clients, choisir Mail In France soit indolore, reconnaît le dirigeant. À coût constant, je voulais qu’ils puissent passer à une solution qui protège leurs données sensibles, leurs échanges, leurs stratégies sans rompre avec leurs habitudes d’utilisation des suites Google ou Microsoft. »
Il faut dire que les suites logicielles de Google ou Microsoft hébergent nos données dans un cloud quasi uniquement américain, soumis au Cloud Act. Cette loi fédérale de 2018 permet aux autorités judiciaires américaines d’accéder – sous couvert de « risque de sécurité » – à toutes les données hébergées.
« C’est dangereux pour nos entreprises, surtout si elles font de la recherche et développement, si elles ont des brevets à défendre et/ou ont des concurrents américains. Le « risque de sécurité » est une notion trop large, surtout en ces temps de l’‘‘America First’’ » de Trump [’’L’Amérique d’abord’’, NDLR]. Nos PME et ETI n’en ont pas toujours conscience alors qu’il existe des alternatives », rappelle Nicolas Leroy-Fleuriot. Mail In France en est une. Made in Nouvelle-Aquitaine.