La société Mincatec Energy, lauréate en septembre 2024 du programme national « Première usine » de France 2030 va installer sa première ligne de production dans un bâtiment du Techn’Hom de Belfort. Les premières machines arriveront en avril et mai. L’activation des premiers réservoirs d’hydrogène solide produits en série devrait se faire en septembre ou octobre.
19 salariés
Le lancement se fera avec les effectifs actuels, qui est de 19 salariés.
La société belfortaine se distingue des autres par un choix radical : stocker l’hydrogène sous une forme solide, plutôt que sous celle d’un gaz à haute pression (de 200 à 700 bars) ou sous celle d’un liquide à – 253 ° C.
« La forme solide écarte le risque d’explosion, il n’y a donc pas besoin d’un périmètre de sécurité autour des réservoirs »
« Notre solution présente deux gros avantages : il n’y a pas de risque d’explosion et le rendement est meilleur », explique Yann Genninasca, président de Mincatec Energy.
« La forme solide écarte les risques d’explosion, il n’y a donc pas besoin d’un périmètre de sécurité autour des réservoirs. Si je prends le cas d’un bateau, le réservoir peut être placé en cale, et pas sur le pont, c’est un gros avantage. Le fait de devoir faire baisser la température ou de pressuriser l’hydrogène coûte de l’énergie et fait baisser le rendement de 20 à 25 %. Nous n’avons pas ce problème : quasiment 100 % de ce qui sort de l’électrolyseur est stocké », avance-t-il.
Aucun rejet de carbone
Le système utilisé est chimique. Il consiste à créer un hydrure métallique : les atomes d’hydrogène se fixent dans la structure d’un métal, en se stabilisant sous une forme solide. En faisant varier la pression, on fait ressortir l’hydrogène sous une petite quantité de gaz qui, envoyé vers l’anode de la pile à combustible, va réagir à la présence d’oxygène pour créer de l’électricité et de l’eau, sans aucun rejet de carbone dans l’atmosphère.
Le point négatif du stockage sous cette forme solide est son poids (il faut beaucoup de métal pour stocker un peu d’hydrogène), bien plus important que pour la solution gazeuse.
D’abord la décarbonation de l’industrie
« Il y a des marchés où ce n’est pas un problème : la décarbonation de l’industrie, par exemple, qui utilise déjà de l’hydrogène, comme les aciéries, les verreries, les cimenteries etc. Il faut qu’elles passent à l’hydrogène décarboné. Nous sommes la solution. Notre stockage n’entraîne pas de problèmes de sécurité. On peut stocker 200 kg d’hydrogène dans un container classique », poursuit Yann Genninasca qui voit un autre marché s’ouvrir, celui des gros engins de chantier : « Nos réservoirs sont lourds et cela tombe bien : ils ont besoin de lest. En plus, notre passage de la forme solide à gazeuse produit du froid qui peut être utilisé pour refroidir la pile à combustible, à côté », avance l’industriel.
Température ambiante
Le choix d’un stockage solide n’est pas courant. On compte seulement une dizaine de sociétés dans le monde à le développer. Mincatec estime avoir une solution efficace (et brevetée), notamment parce qu’elle fonctionne à température ambiante.
Un important Fonds en soutien
Le passage de l’entreprise à une nouvelle échelle va être rendu possible par une augmentation de capital, dans lequel entre le Fonds révolution environnementale et solidaire, abondé par le Dividende sociétal de Crédit Mutuel Alliance Fédérale*, pour qui cette solution va avoir un fort impact environnemental. « Nous sommes convaincus par la vision et l’expérience industrielle de Yann Genninasca », affirme Sabine Schimel, directrice générale de Crédit Mutuel Impact.
« 55 % du marché est en Asie. Il faut y être et les choses vont vite »
Le chef d’entreprise s’est fixé un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros à l’horizon 2030. Le nouveau capital servira à financer la Recherche & Développement (Mincatec vient de développer en dix-huit mois un nouveau système de soudure pour ses réservoirs) et de commercialisation. La société vient de recruter des commerciaux pour toutes les zones du monde, et notamment l’Asie : « 55 % du marché est là-bas. Il faut y être et les choses vont vite. Je suis convaincu de l’avenir de l’hydrogène : il n’y a pas d’autre solution pour décarboner l’industrie. Je veux démontrer que c’est l’avenir en arrivant rapidement à l’équilibre financier », déclare l’industriel.
* Le Crédit Mutuel Alliance fédérale, principale entité du Crédit Mutuel, est l’actionnaire du groupe Ebra auquel votre journal appartient.