Allons tout de suite au point important, il n’y a pas à ce jour de gisements connus de terres rares, économiquement viables en Ukraine. Les seules informations connues sur les terres rares ukrainiennes résultent d’une exploration soviétique sommaire datant des années 60 : les quantités et la teneur sont à découvrir puisqu’elles n’ont jamais été exploitées. De surplus, le raffinage de leur contexte géologique n’a pas dépassé le stade du laboratoire, et sans traitement industriel, elles sont peu pertinentes.
Enfin, si des intérêts américains se fixaient sur place comme une sorte de bouclier économique garantissant une paix, après qu’ils aient investi de l’ordre d’un à deux milliards d’euros en zone de guerre, dans une mine, voire dans une usine de traitement, peut-être que dans 10 à 15 ans une production aurait lieu, mais sans aucune garantie de bénéfice. Toutefois, à ce moment-là, Trump ne serait plus président.
Pourquoi Washington veut cet accès minier ukrainien comme pour au Groenland ?
Ce sont pour des raisons géopolitiques.
Trump veut endiguer la présence chinoise dans les mines de terres rares du Groenland pour ne pas avoir à gérer un Cuba au nord sous influence de Pékin. En Ukraine l’enjeu est de stopper l’expansion russe, grâce à une paix qu’il s’agit d’imposer aussi bien à Moscou qu’a Kyiv.
Les terres rares ne sont pas rares, et les métaux rares n’existent pas. Si Washington veut des accès aux terres rares, il est inutile de venir en Europe ni de miner des météorites. Washington doit augmenter sa production locale en Californie, au Texas, au Wyoming, en Géorgie ou en Alaska. Et, s’il le demande poliment, il trouvera également facilement et immédiatement des gisements économiquement viables dans les plus vastes réserves mondiales occidentales au Canada, mais également en Australie et dans d’autres pays, là où sont les terres rares de demain.
(*) Didier Julienne anime un blog sur les problématiques industrielles et géopolitiques liées aux marchés des métaux. Il est aussi auteur sur LaTribune.fr.