Publiée ce mercredi, la dernière étude de Janus Henderson sur les dividendes souligne d’importantes disparités entre les pays, les entreprises et les secteurs.
Les entreprises craignent-elles l’année 2025 et ses perspectives économiques incertaines, en pleine guerre commerciale lancée par Donald Trump ? Elles se sont en tout cas montrées très généreuses avec leurs actionnaires en 2024, avec un montant record de 1750 milliards de dollars versés, soit une hausse de 6,6% par rapport à 2023, selon l’étude annuelle sur les dividendes publiée ce mercredi 5 mars par Janus Henderson.
Le gestionnaire d’actifs américain a recensé les versements des 1200 plus grosses capitalisations boursières mondiales. Parmi elles, 88% ont augmenté ou maintenu leurs dividendes l’année dernière. Le Figaro fait le point sur les pays, secteurs et entreprises les plus rémunérateurs.
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Sur les 49 pays étudiés, 17 ont enregistré des versements records en 2024. Les États-Unis restent de très loin le premier distributeur de dividendes, avec un total de 651 milliards de dollars dans l’année, soit plus d’un tiers du total mondial. Rien que la hausse par rapport à 2023 (+50 milliards de dollars) est supérieure au total versé par la Suisse sur l’année (49) et presque équivalente à celui de l’Allemagne (51,7). Les géants américains Meta et Alphabet (maison mère de Google) sont responsables d’un quart de cette hausse. Loin derrière les États-Unis, le podium est complété par le Royaume-Uni (90,6 milliards de dollars de dividendes versés en 2024), dont le montant est en baisse pour la deuxième année consécutive à cause des réductions dans le secteur minier, et le Japon (86), qui a connu la hausse la plus importante (+15,5%).
La France, plus grosse contributrice d’Europe, se hisse en quatrième position. «Les dividendes français ont atteint un montant record de 68,8 milliards d’euros, explique Charles-Henri Herrmann, directeur du développement France et distribution BeNeLux chez Janus Henderson. La moitié de la croissance provient de quatre entreprises : Axa et BNP Paribas ont apporté la plus grande contribution grâce à des bénéfices beaucoup plus élevés, suivies par l’entreprise de défense Safran et le géant de l’optique EssilorLuxottica», a-t-il poursuivi dans un communiqué. En 2024, 92% des entreprises françaises ont augmenté leurs dividendes ou les ont maintenus. C’est la Société Générale qui a affiché la baisse la plus importante (-47%).
Les banques généreuses, le secteur minier déchante
Côté secteurs, à elle seule, la finance a versé plus du quart (28%) des dividendes mondiaux en 2024. Les banques ont distribué pas moins de 257,6 milliards de dollars, ce qui en fait de loin les plus généreuses avec leurs actionnaires. Le secteur des hydrocarbures suit, avec 166,2 milliards de dollars versés, en grande partie par les producteurs de gaz et de pétrole. Le secteur technologique complète le podium (152,2), porté par des habitués du classement comme Apple, mais aussi par les entreprises de semi-conducteurs, indispensables au développement de l’intelligence artificielle.
Les dividendes versés par les géants des médias ont doublé grâce à l’apport de Meta et Alphabet, rangés dans cette catégorie. Le rapport note par ailleurs que les dividendes des secteurs des télécoms, de la construction, des assurances, des biens de consommation et des loisirs ont connu une augmentation à deux chiffres entre 2023 et 2024. Tout le contraire du secteur minier (catégorie «matières premières» dans le tableau) et des transports («industrie»), qui ont largement réduit leurs rémunérations aux actionnaires.
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Pour la deuxième année consécutive, c’est Microsoft qui truste la première place des entreprises ayant versé le plus gros montant de dividendes aux actionnaires. Le géant fondé par Bill Gates est talonné par Exxon, qui vient d’acquérir Pioneer Resources et n’avait plus occupé le deuxième rang du classement depuis 2016. Dans le top 10 se positionnent trois banques (HSBC, China Construction Bank et JPMorgan), trois sociétés du secteur des hydrocarbures (Exxon, PetroChina et Chevron), deux entreprises technologiques (Microsoft, Apple), un géant pharmaceutique (Johnson & Johnson) et un spécialiste des télécoms (China Mobile Limited). En termes de nationalité, six sont américaines, trois sont chinoises et une est britannique.
«La croissance des dividendes a été plus forte qu’anticipé en 2024, grâce au secteur bancaire et aux dividendes inattendus de certaines des “Sept Magnifiques” aux États-Unis», commente Jane Shoemake, gestionnaire de portefeuille actions internationales au sein de la société d’investissement Janus Henderson. Les «Sept Magnifiques» sont les sept plus grandes valeurs technologiques dans le monde, toutes américaines : Microsoft, Nvidia, Tesla, Meta, Apple, Alphabet et Amazon. Parmi elles, Meta et Alphabet ont distribué leurs premiers dividendes, tout comme le Chinois Alibaba. À elles trois, elles ont distribué 15,1 milliards de dollars de dividendes, c’est-à-dire un cinquième de l’augmentation mondiale entre 2023 et 2024. Ces sociétés «démontrent qu’à mesure qu’elles mûrissent, elles commencent à générer des liquidités excédentaires qu’elles peuvent redistribuer à leurs investisseurs», donnant au passage «un coup de fouet à la croissance des dividendes au niveau mondial», juge Jane Shoemake.