Entrée par les parkings de ses clients en installant des stations de recharge électrique “bas carbone” pour leurs véhicules, Mob Energy (4 M€ de CA en 2023 ; 60 salariés) veut désormais pénétrer dans leurs bâtiments, pour en optimiser la gestion énergétique.
La jeune PME vient de lever 15 millions d’euros auprès du fonds d’investissement à impact Tikehau pour créer sa filiale Infra (pour “infrastructure”) dédiée à ce nouveau marché. “Auparavant, on vendait notre solution de recharge pour véhicules électriques baptisée EIKO, que le client gérait lui-même, explique Salim El Houat, président. Désormais, nous allons commercialiser et gérer nous-mêmes des plateformes qui permettent par exemple de pratiquer l’écrêtage en stockant de l’énergie pendant les heures creuses, une pratique qui permet d’optimiser le coût de l’énergie”.
Usine agrandie en 2026
Le financement permettra notamment d’investir pour produire une soixantaine de plateformes de stockage énergétique dans son site d’USIN Lyon Parilly à Vénissieux, dont la superficie sera doublée en 2026 à 3 200 m2. Le chiffre devrait atteindre une centaine d’infrastructures supplémentaires pour la seule année 2026. Une quinzaine de salariés devrait être recrutée cette année, avec l’objectif d’atteindre 100 personnes avant fin 2026. Mob Energy envisage également de nouer des partenariats stratégiques avec des acteurs spécialisés dans l’IoT (Internet des objets) et l’IA (intelligence artificielle) pour accélérer son développement.
Environ 40 clients grands comptes
Créée en 2018 à Lyon par un trio d’ingénieurs diplômés de l’INSA avec le soutien des fonds Axeleo Capital et UI Investissement, la start-up implantée à Vénissieux s’est rapidement fait un nom dans le secteur des mobilités vertes avec ses stations de recharge pour voitures électriques, des solutions adoptées par Renault Trucks, Dalkia, E.Leclerc et… l’INSA. Au total, ses technologies de recharge intelligente, qui combinent algorithmes et batteries automobiles de réemploi auraient déjà séduit une quarantaine de grands comptes. Aujourd’hui, l’entreprise lyonnaise franchit un nouveau cap en diversifiant ses activités vers la gestion intelligente des bâtiments, un marché en pleine expansion.
L’expertise technique accumulée
Mob Energy ne part pas de zéro dans cette nouvelle aventure. Elle peut s’appuyer sur son expertise en matière de recyclage de batteries, de gestion de l’énergie et de technologies connectées. Ces compétences sont directement transférables à la gestion intelligente des bâtiments. L’offre de stations de recharge pour véhicules électriques s’apparente en réalité à la première brique de sa stratégie BESS (Battery-as-a-service) ou système de stockage d’énergie sur batteries. Au-delà de la recharge des véhicules électriques, Salim El Houat veut faire d’Eiko une véritable plateforme de services énergétiques pour les bâtiments.
Déjà une offre pour le bâtiment
Lancée en octobre dernier, la 2e génération de sa solution Eiko, qui permet aux entreprises de recharger 20 voitures par jour avec la puissance d’une seule borne classique, peut également réinjecter dans les bâtiments l’énergie issue de panneaux photovoltaïques ou stockée durant les heures creuses.
“Déployable en 3 jours, sans travaux”, cette plateforme évolutive dotée de batteries de seconde vie qui stockent l’énergie en heures creuses, la restitue aux véhicules à recharger. “Notre cube de puissance Eiko apporte de l’autonomie énergétique et décuple la capacité de puissance d’un bâtiment. Il va pouvoir se connecter au bâti en cas de pic de consommation pour réinjecter de l’énergie”, résume Salim El Houat.
Facture énergétique allégée
De façon générale, les bâtiments intelligents et les infrastructures de recharge pour véhicules électriques (IRVE) sont de plus en plus interconnectés. Par exemple, les parkings équipés de bornes de recharge peuvent être intégrés à des systèmes de gestion énergétique globale. Mob Energy peut ainsi proposer des solutions complètes à ses clients, renforçant sa valeur ajoutée, avec à la clé, baisse de la facture d’énergie, amélioration du bilan carbone et réduction de l’intensité carbone de l’électricité consommée.
Outre ces bénéfices tangibles, le contexte réglementaire s’avère favorable.
L’obligation d’équiper les parkings (à partir de 1 500 m2 de superficie) de panneaux photovoltaïques procure une nouvelle source d’énergie à intégrer dans la consommation des bâtiments tandis que le durcissement des normes en matière de performance énergétique sensibilise les acteurs de l’immobilier à la nécessité de bâtir des constructions plus sobres.